Et si nous parlions… de Dépression (deuxième partie)

La psychothérapie cognitive-comportementale est un des traitements les plus recommandés pour la dépression. En comprenant le fonctionnement inhérent de cette maladie, nous avons réussi à déterminer les problématiques principales à affronter afin de ralentir l’évolution du cercle vicieux et d’essayer d’inverser ses mécanismes.

La psychothérapie cognitive-comportementale est un des traitements les plus recommandés pour la dépression. En comprenant le fonctionnement inhérent de cette maladie, nous avons réussi à déterminer les problématiques principales  à affronter afin de ralentir l’évolution du cercle vicieux et d’essayer d’inverser ses mécanismes.

Pour lire une description de la maladie et de ses symptômes, cliquez ici pour la première partie de cet article.

Le début de toute thérapie consiste à identifier les situations-problèmes de l’individu, en observant son environnement, ses pensées et ses comportements. Il existe de nombreux processus biologiques et psychologiques propres à la dépression que nous devons envisager, et adresser parallèlement afin de maximiser les chances de réussites.
Pour cette même raison, il est aussi recommandé de consulter un professionnel médical afin d’évaluer la situation et de prescrire un traitement si besoin.

Cet article décrira les lignes principales de traitement.  Il ne constitue pas une vision exhaustive de la thérapie.

Thérapie Cognitive

“Bien sûr que ça se passe dans ta tête Harry, mais pourquoi faudrait-il en conclure que ce n’est pas réel?”
J.K. Rowling

La dépression s’entretient par de nombreux biais cognitifs inconscients. Ces lunettes noires déforment la réalité et valident en permanence une vision négative de soi-même et du monde.

Prenons par exemple la situation suivante:

Réalité objective: Vous voyez une personne que vous connaissez marcher sur le trottoir juste en face de vous. Elle ne vous salue pas.

Cette situation est objectivement ambiguë et peut donner lieu à différentes interprétations, notamment:

  • Interprétation cognitive #1:
    “Zut, il ne m’a pas vu, quel dommage!”
  • Interprétation cognitive #2:
    “Il ne veut pas me saluer, je suis sur qu’il m’évite! C’est peut être en rapport avec ce que j’ai fais la dernière fois…”

Cette représentation vise à mettre en relief l’importance quotidienne de nos biais d’interprétations. La personne ayant recours à la première interprétation aura sûrement une vision plus positive de soi-même que dans le deuxième scénario. Bien entendu, cela ne veut pas dire que toute personne qui aurait interprété une situation de la sorte est une personne déprimée, loin de là! Mais une personne déprimée aura certainement tendance à évaluer le monde avec des biais cognitifs négatifs qui confirmeront éventuellement la croyance “tu n’es pas assez”, “la vie n’en vaut pas la peine”.

“Il n’y a même pas besoin de mur ou d’eau pour garder les prisonniers. Ils sont enfermés dans leur propre tête, incapables d’avoir la moindre pensée agréable. La plupart d’entre eux deviennent fous en quelques semaines.”
J.K. Rowling

Par conséquent, la thérapie cognitive de la dépression se focalise principalement sur la modification des biais cognitifs.  Cette-dernière consiste à sélectionner des évènements de la vie quotidienne, et travailler des façons différentes d’interpréter les informations ambiguës. Dans un premier temps, on ne cherchera pas forcément à rétablir une vision plus positive de la réalité – simplement d’intégrer la notion de flexibilité du regard et de l’importance du doute. C’est important de douter de ses croyances car on est pas aussi objectif qu’on aimerait le croire.

Neurologiquement parlant, cette sélection d’information se fait au niveau même de la perception sensorielle: la personne déprimée remarquera un visage malheureux plus rapidement qu’un visage heureux, et elle sélectionnera dans son environnement les éléments qui confirment son point de vue négatif. Bien que ce dernier point soit valable pour tous les  êtres humains (on est tous emmené à confirmer nos croyances par nos biais); la croyance qui est en jeu dans le cas de la dépression relève plutôt de la survie de l’individu. Le but de la thérapie cognitive devient donc de rendre conscient ce fonctionnement dangereux, et de développer une vision du monde plus large, plus efficace et plus saine.

“On peut trouver du bonheur même dans les endroits les plus sombres. Il suffit de se souvenir d’allumer la lumière”
J.K. Rowling

Thérapie Comportementale

Quand le monde semble contre vous, que la vie paraît futile, que l’espoir semble perdu: on ne voit pas le sens de se lever le matin. La théorie de l’impuissance apprise rappelle les raisons que peuvent avoir les personnes de perdre complètement espoir en fonction des évènements de vie qu’elles vivent au quotidien. Cela est incontestable.

De plus, les effets de la dépression sur le corps sont tels que le simple fait de respirer devient fatiguant: chaque mouvement est un exploit.

Prenez la démotivation et le découragement, et rajoutez y une fatigue colossale et vous obtenez l’incapacité de sortir de son lit. C’est pour cela que l’aspect comportemental de la thérapie se focalisera sur une activation comportementale, ou la mise en place de comportements plaisants, au quotidien. Il nous faut inverser le mécanisme de la maladie en injectant ce qui manque le plus à votre organisme: le plaisir, la joie subjective. Fonctionner sans joie est l’équivalent d’une machine qui fonctionne sans carburant. La première chose à faire est donc d’injecter du carburant – sans cela, rien ne sert plus à rien!

Pour ce faire, nous établirons un inventaire des plaisirs subjectifs identifiés avant la dépression. N’importe quelle activité peut entrer dans la liste, cela peut être aussi simple que de croquer un morceau de chocolat. Avec le temps, le but sera de maximiser ces incidences afin de systématiser l’apport quotidien de plaisir à votre organisme!

Cette étape peut paraitre simple, mais elle est loin de l’être. Bien au contraire, cela nécessite beaucoup de patience et de compréhension! Rappelons que l’un des symptômes principaux de la dépression est la perte de plaisir et d’intérêt: il est donc important de comprendre que la personne déprimée est réellement en train de se battre pour sa survie et de faire de son mieux. Certains jours, cette empathie sera une aide suffisante, mais d’autres seront plus compliqués. Nous les affronterons tous ensembles, étape après étape et jour après jour…

Thérapie Emotionnelle

Il peut être difficile de continuer sa journée quand votre cerveau vous donne des milliers de raisons de ne pas le faire. C’est pour cette raison que la pleine conscience appliquée aux émotions et au moment présent peut être une bonne stratégie de prévention de la rechute.

Une fois que vous avez réussi à élargie votre palette émotionelle, il peut être intéressant de les laisser être, et de s’accorder comme des notes d’un instrument de musique qui joue la musique de votre vie.

Il est aussi important de le faire sans jugement: nous avons été trop habitués à juger tout ce qui nous arrive, tout ce que nous voyons et tout ce que nous ressentons. On peut tout ressentir, tant que l’on sait que ce ressenti passera, tant qu’on l’accepte pour ce qu’il est, qu’on ne lutte plus contre soi-même.

Après tout, ce que toute personne qui a traversé une dépression sait, c’est ce que nous psychologues appelons la résilience: cette capacité à vivre quelque chose, à le laisser vous traverser et vous transformer, et à en tirer une force inexplicable.

“La fleur qui s’épanouit dans l’adversité est la plus rare et la plus belle de toutes.”
Walt Disney Company

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