Travailler dur, c’est dur: les risques psychosociaux au travail (1)

Le travail prend une place particulière dans nos sociétés. Le monde de travail est en constante redéfinition : les travailleurs recherchent de plus en plus un travail qu’ils aiment et qui donne un sens à leur vie. Les entreprises prennent place dans la société en communiquant des valeurs et/ou une image qui participe positivement à la construction de ce monde. Les derniers mouvements internationaux, (comme la guerre en Ukraine, le cas de l’avortement aux états unis par exemple) en sont le signe le plus flagrant, avec plusieurs entreprises mondiales se positionnant en fermant leurs filiales ou en accompagnant les personnes concernées. 

Mais quel rôle joue vraiment le travail dans ce nouveau monde?

 

Cette question est bien trop complexe pour y répondre de manière simple. Je dirais qu’il est en évolution, comme tous le reste, et par expérience j’aurais tendance à m’appuyer sur la loi du système comme un ensemble supérieur à la somme de ses parts (si ça vous intéresse vous pouvez consulter mon dernier blog publié récemment). Mais le système est composé d’individus, et ces-derniers peuvent instaurer des cultures particulières : pour une meilleure représentation de cela, dans le cadre du milieu professionnel, je vous recommande la série « super pumped: la face cachée d’uber ».

Ce que je peux dire avec plus de certitude par contre, c’est l’impact de l’environnement sur la santé mentale. Et, en l’occurrence, celui de l’environnement professionnel.

Je fais suffisamment de groupes d’analyse de pratique professionnelle, et accompagne trop d’individus atteints de la souffrance au travail pour en parler. Le problème est si massif que l’union européenne s’est mise à le réguler progressivement.

En 2007, le stress lié au travail coûtait 20 milliards d’euros par an à l’ Europe (Eurofound). Il est probable que ces chiffres aient augmenté depuis; les psychologues jouent d’ailleurs un rôle de plus en plus important dans le milieu des entreprises.

 

La France est en retard sur la question de la réglementation des risques psychosociaux: elle a cependant été contrainte de se rattraper avec le cas de Didier Lombard et les suicides en masse chez France télécom.

Pour se faire une idée de l’état des lieux actuel, le site de l’INRS est très explicatif et aidant.

 

 

De quoi parle t’on exactement?

Les risques psychosociaux sont des aspects du travail, de la gestion, et du contexte social et organisationnel, qui ont le potentiel, de causer des dommages physiques et psychologiques. Ils ont des origines communes et peuvent aussi s’influencer les uns les autres. Par exemple, le stress lié au travail (l’un des risques sur la santé le plus fréquemment identifié par les travailleurs en Europe) peut également déclencher de la violence au travail, ce qui a pour effet d’augmenter en contre parti le stress lié au travail. 

 

Nos défis professionnels peuvent nous stimuler psychologiquement et physiquement, mais ils peuvent aussi se transformer en hyper exigences stressantes, voir écrasantes. Et quand ce stress persiste ou devient chronique, il entraine des dégâts plus ou moins permanents qui impactent à la fois la personne, et son organisation. 

Des maladies dormantes peuvent êtres réactivées ou accentuées, et d’autres troubles déclenchés: fatigue, burn-out, anxiété, dépression, troubles de stress post-traumatique, problèmes musculosquelettiques, maladies cardiovasculaires…

 

Les risques psychosociaux entrainent parfois de la violence, de la maltraitance au travail, ou des attaques menacant l’intégrité et la sécurité physique et psychique des personnes. Ils peuvent même entrainer la mort dans les cas extrêmes – comme c’était le cas dans l’affaire de France Telecom.

 

Que pouvons nous en faire? 

Un manager ou un employeur doit prévenir le stress au travail et il a différentes façons de le faire.

 

Il est important avant tout d’évaluer la source du stress et de la prendre en compte sérieusement.

 

 Les facteurs de risque psychosociaux incluent:

  • Une charge de travail excessive
  • Des injonctions contradictoires, un manque de clarté des rôles ou des taches
  • Une perte d’autonomie et de contrôle (par exemple le manque d’implication dans la prise de décisions d’influence sur la façon dont le travail est fait)
  • Les changement organisationnels mal gérés, la précarité
  • Une communication inefficace, ou un manque de soutien de la direction ou des collègues
  • Le harcèlement psychologique et sexuel, et la violence.

 

Ces derniers peuvent provoquer des taux d’absentéisme ou un roulement élevé du personnel, une productivité et une performance réduite, et une augmentation de la prévalence des accidents de travail. 

Ils exposent aussi, par ce biais là, à une diminution de la satisfaction au travail et une dégradation de l’ambiance et du climat social de l’entreprise. Son image externe peut être dégradée et impactée.

 

Mon expérience me pousserait à croire que si vous ne priorisez pas votre propre santé mentale, il est difficile de prioriser celle des autres. Les employeurs et les employés sont responsables d’assurer un environnement de travail sain, avec une communication efficace et un bon équilibre vie pro / vie perso. Ce dernier point devient particulièrement difficile dans la société d’aujourd’hui. 

 

 

Burnout et harcèlement moral au travail

Les formes les plus connues parmi les risques psychosociaux sont le harcèlement, plus clairement établi dans nos textes de loi, et le burnout. 

 

Le second est souvent la conséquence d’une implication affective et personnelle excessive au travail. C’est notamment le cas dans des domaines à haute valeur humaine ou à engagement, comme l’éducation, le soin, ou le travail social.

 

Un burn-out commence par une fatigue physique, mentale et émotionnelle intense, il est suivi d’un déclin d’empathie et d’un sentiment d’inefficacité qui augmente jusqu’à aboutir à un cynisme aigu, et une perte de sens importante.

 

Des signes possibles peuvent inclure des perturbations cognitives (mémoire, attention…), une fatigue et/ou des troubles de sommeil, une irritabilité, des douleurs physiques, un déni possible de sa symptomatologie. 

 

Le burn-out s’assimile beaucoup à un processus dépressif en réaction au monde du travail.

 

Le harcèlement est pour sa part une forme de maltraitance du travailleur. Il se traduit directement, par le biais d’insultes, de menaces, commentaires dégradants et d’humiliations, ou d’avances sexuelles déplacées. Mais il peut aussi être plus indirect, et prendre la forme de négligences, de mépris, et/ou d’un manque de reconnaissance du travail accompli (commentaires injustes, attribution de tâches dégradantes, sabotage professionnel et mise en échec, ignorance volontaire et négligences et/ou interdiction de s’exprimer).

 

Vous trouverez sur ce lien un témoignage poignant de ce-dernier.

 

 

En conclusion

Les environnements de travail peuvent être un terrain fertile au développement et à l’exploration de nos complexités humaines. Il est de la responsabilité de l’entreprise de choisir quel aspect de cette humanité et ses valeurs elle voudrait promouvoir.

La croissance peut-être un mot à double tranchant.

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