6 points à prendre en compte dans l’évaluation de votre santé mentale

Dans un article précédent, nous avons évoqué la nécessité d’explorer en profondeur les différentes facettes de soi-même. Aujourd’hui, je voudrais élargir cette réflexion en y ajoutant des repères objectifs qui vous aideront à évaluer votre situation. Toutefois, bien qu’une certaine neutralité soit importante, elle ne doit en aucun cas entraver votre subjectivité.

En effet, il vaut mieux demander de l’aide « superflue » et rentrer chez soi la conscience tranquille, que de vivre une vie de souffrance ignorant l’existence d’une meilleure solution.

1. 1. ChiffresIntensité et Temporalité (durée et fréquence) de votre difficulté: Depuis combien de temps est-ce que cela perdure ? Un jour, une semaine ? Un mois ? Une vie ? La réponse est importante car chacune mène à une hypothèse différente. Si la situation n’est pas linéaire ou que votre problématique est discontinue, alors combien de fois par mois est-ce que votre problème a lieu ? Et qu’en est-il de l’intensité : Sur une échelle de 1 à 10, à combien est-ce que vous évaluerez votre souffrance ? Toute difficulté qui a trop duré, qui se reproduit trop fréquemment, ou qui est trop intense quand elle a lieu, peut être un motif de consultation. Afin de mieux évaluer ces chiffres-là, référez-vous aux critères suivants.
   2. ContexteY a-t-il une explication objective à votre situation ? Un décès, une rupture, un stress dû à des échéances ou à une insécurité, peuvent être compréhensibles. Cependant, est-ce que ce contexte, à lui seul, justifie votre façon de le vivre ? … Comment le savoir ?
      La durée et l’intensité de vos ressentis, ainsi que les retours (feedback) extérieurs pourront vous l’indiquer. Si par exemple, vous souffrez d’une rupture depuis plusieurs années, que plusieurs personnes de confiance vous ont fait part de leur incompréhension face à cette souffrance : il serait peut-être sage de les écouter. Un stress du train-train quotidien est aussi “normal”, mais s’il cause des insomnies alors il serait peut-être temps de rechercher une nouvelle solution.
      Si tout simplement, vous sentez que vous portez trop sur vos épaules je ne vois pas pourquoi vous devriez supporter cela tout seul. Cherchez de l’aide, facilitez-vous la vie : personne n’a dit que la vie doit être si difficile !
   3. Fonctionnement Global:Quel impact sur votre quotidien?Je parlais d’insomnie, mais votre quotidien pourrait être perturbé de différentes façons. Avez-vous du mal à rester concentrés la plupart du temps ? Etes-vous en train de perdre ou de prendre du poids ? avez-vous observé un changement dans votre appétit, votre libido, ou votre sommeil ? Votre corps vous parle, et il est trop souvent ignoré : qu’est-ce que votre corps essaie de vous dire ? Est-ce que votre système immunitaire est affaibli ? Est-ce que vous ressentez des tensions, ou toute autre douleur fréquente ? Est-ce que vous somatisez : avez-vous une condition physique causée ou aggravée par le stress (psoriasis, eczéma, maux de dos, tension artérielle etc.) ? Cette hypothèse est à confirmer par un médecin qui éliminerait toute cause organique… Est-ce que vous arrivez à trouver du plaisir dans ce qui vous réjouissait habituellement ? Y a-t-il une pensée/émotion/image mentale répétitive qui interrompt votre quotidien ? Sentez-vous que vous perdez le contrôle de vous-même par moment, trop fréquemment ? En résumé : sur une échelle de 1 à 10, à quel point vous sentez-vous capable d’entamer et de terminer votre journée habituelle?L’impact journalier de votre quotidien peut aussi se faire différemment. Cela peut représenter toute situation qui vous infortune, mais que vous devez « surmonter » pour une raison ou une autre (souvent pragmatique). Avez-vous besoin de parler en public dans votre travail, mais que cela vous horrifie ? Avez-vous absolument besoin de prendre l’avion et ressentez une peur importante qui vous arrête ? Y a-t-il quelque chose que vous devez faire, mais que vous ne pouvez faire seule ? Si c’est le cas, avez-vous trouvé autour de vous un support efficace, disponible, et suffisant pour vous accompagner?
   4. Désirabilité:Voulez-vous être comme vous êtes actuellement ? Y a-t-il quelque chose que vous désireriez changer ? Si c’est le cas, qu’avez-vous essayé, et avez-vous réussi ? Si ce n’est pas le cas : pourquoi ne pas demander une aide professionnelle ?
   5. Normes Sociétales:La norme sociétale est fondamentale pour déterminer ce qui est « normal » ou pas. C’est une des premières choses que l’on apprend en tant que thérapeute : la norme et la culture de votre société. Même s’il faut aussi les remettre en question quand leurs répercussions sur votre bien-être est négative : vous sentez-vous très différents des gens qui vous entourent ? est-ce que des personnes de confiance vous pointent des « anomalies » ou un comportement inhabituel ? Comment est-ce que les gens autour de vous voient ? N’hésitez pas à demander – mais gardez en tête que la vie est un mouvement continu, et que quelle que soit leur vision elle peut évoluer. Essayez de savoir comment votre entourage vous perçoit, et comment leur perception se répercute sur vous (nous reviendrons toujours sur votre subjectivité).
   6. Vision de Soi:Comment est-ce que vous, vous vous percevez ?La première partie de cet article se terminait en affirmant que vous êtes votre meilleur outil. Vous sentez-vous “en- dessous de”, la plupart du temps ? Avez-vous du mal à vous affirmer, ou à rejeter à ce que vous ne voulez pas ? Vous sentez-vous souvent coupable ? Y a-t-il quoi que ce soit que vous aimeriez faire mieux, différemment, voudriez-vous être quelqu’un d’autre ? La façon de se percevoir est un outil très important et il est important de se réconcilier avec soi, et sa solitude. On ne pourra jamais fuir sa propre personne… Essayez d’être aussi objectifs que possible dans vos réponses.+ Vous pouvez aussi consulter le Manuel Diagnostique des Troubles Mentaux dans votre librairie la plus proche
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