Des moments, des images dans ma tête… Aucune expérience ne peut nous apprendre la valeur du monde, de la liberté, et de soi-même, autant que celle du voyageur nomade.
A travers nos sens et dans nos coeurs, la valeur d’un moment s’intensifie. La sortie du système et de la routine nous projette dans le moment présent, et une nouvelle dimension apparaît. Nous sommes propulsés, d’un coin du monde à un autre, à travers mille espaces spatio-temporels. A ce moment là, nous devenons alors tout ce que nous possédons: nous, et le moment que nous sommes en train de vivre.
Qu’est-ce qu’une vie, si ce n’est qu’un moment? Cette réalisation et appréciation du moment présent entraine une métamorphose instantanée: chaque sourire se vit intensément; et chaque douleur est atténuée par la simple conscience du fait qu’une nouvelle experience prendra bientôt le dessus. Le monde se résume à un moment qui suit un autre, et le présent ne finit jamais.
Mais la beauté même de ce phénomène abrite aussi un piège.
Une “insoutenable légèreté de l’être” est à poignée de main, l’éternité se cache derrière des moments entrecoupés… La tentation devient alors très grande, de s’abandonner à faire durer ce phénomène là: devenir son propre bateau, sa propre tempête, son propre rayon de soleil. Etre seul maître de son destin, à chaque instant.
Mais on peut aussi devenir sa propre île déserte, et se noyer dans le processus…
Le bonheur est une balance difficile à obtenir, mais aussi à définir. Dans un livre visant à développer cette définition, Dr. Christophe André écrit “j’éprouve, je prends conscience, je ne désire plus rien d’autre, et dans le même temps je sais que cela va s’arrêter“. Tout est dans cet équilibre, dans ce moment, dans sa perméabilité. Pour être prêt à l’expérimenter, il faut donc être prêt à le laisser partir. Sinon, on tombe dans le piège!
Dans un autre livre intitulé “Le Piège du Bonheur”, Dr. Russ Harris explique comment notre illusion de contrôle sur nos émotions et nos désirs de maîtrise peuvent au contraire intensifier les symptômes de stress, de déprime, et de perte de sens. Le fait même de vouloir conserver et faire perdurer ce bonheur, nous conduirait alors à le perdre…
La leçon du voyageur, devient alors: tout est éphémère, et chaque voyage touche à sa fin. Et pourtant, la Vie doit l’emporter. La connaissance de cette éphémérité ne doit en aucun cas nous empêcher de trouver un sens perpétuel au voyage au fond de soi.
Prenez-donc ce moment, laissez le glisser à travers vos doigts comme du sable entre vos mains. Et en entamant votre nouvelle aventure…
… n’oubliez jamais, ce que vous avez ressenti.